Une nouvelle chronique de Thierry Rollet (auteur, éditeur et agent littéraire) — « Défense de l’écriture manuscrite »
Par Guy Boulianne | Le 18/11/2013 | Commentaires (0) | Éditions Dédicaces
D’après de récentes rumeurs (source non identifiée), l’équivalent du ministère de l’éducation nationale aux États-Unis d’Amérique projette de ne plus enseigner l’écriture manuscrite dans les écoles primaires. Motif invoqué : jeunes et moins jeunes utilisent bien plus souvent des claviers qu’un stylo dans leurs modes de communication : ordinateurs, tablettes ipad, smartphones, etc.
Pour ma part, j’estime qu’il s’agit là d’une inimaginable sottise : on n’utiliserait plus l’écriture manuscrite que pour signer, dans ce cas ? Quelle épreuve cette formalité pourrait-elle alors représenter pour toute cette nouvelle génération si bien accoutumée aux claviers ! Par ailleurs, n’aurait-on plus besoin d’un papier et d’un stylo au moins pour prendre quelques notes manuscrites, si occasionnelles et éphémères soient-elles ? N’utiliserait-on vraiment plus que le clavier de son smartphone, sous prétexte qu’il peut contenir un agenda personnel ?
Je ne suis pas moderne, sans doute ? Tant mieux : je préfère être l’homme des anciennes cavernes scolaires, plus attaché à son crayon ou à sa pointe Bic qu’à son clavier magique. Certes, celui-ci peut également sonner pour nous rappeler un rendez-vous enregistré. Plus besoin de faire de nœud à son mouchoir ! Plus besoin non plus de stylo ni de calepin, bien entendu ! Ça fait trop démodé… mais n’est-ce pas justement une question de mode plutôt que de pratique ?
Si la machine reste l’utile prolongement du bras de l’homme, si nos multiples appareils favorisent indéniablement nos communications, nous ne pouvons néanmoins nous défendre contre l’aspect artificiel des différents contacts ainsi noués. Dans ce cas, faudra-t-il aussi renoncer à former nos lettres avec notre main et ainsi perdre pratiquement tout contact avec nos propres personnes physiques ?
Écriture manuscrite
Non, certes, il nous reste nos doigts pour taper sur les claviers… du moins tant qu’ils n’auront pas été remplacés eux aussi par la reconnaissance vocale pour des appareils mille fois plus intelligents. La vie moderne en prend tout justement le chemin…
Alors, anticipons la fin de l’écriture manuscrite : coupons-nous les deux bras, allons jusqu’à nous amputer de notre cervelle et laissons la machine prendre la place de l’être humain sur la planète Terre : nous aurons ainsi réalisé l’un des scénarios les plus répétitifs de la science-fiction… puisque celle-ci nous rattrape d’une façon tout à fait anarchique !
par Thierry ROLLET
auteur, éditeur, agent littéraire
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Thierry Rollet Auteur édition écriture éditeur